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Les privatisations : un retour vers le futur ?

le 9 juillet 2018

Avec la loi Pacte « plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises », le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Lemaire, propose, entre autre, que l’Etat vende tout ou une partie de ses participations dans certaines entreprises telles que la « Française des Jeux » ou « Paris Aéroport » ou « Engie ». La liste n’est pas arrêtée de façon définitive pour des raisons de confidentialité que l’on comprend aisément.

Cette proposition soulève plusieurs questions : est-ce une nouveauté ? A quelle logique correspond-elle ? Est-elle fondée sur le plan économique ? Est-elle intéressante pour le citoyen « lambda » à la recherche d’opportunités de placement ?

Une stratégie déjà utilisée par le passé

Tout d’abord, cette stratégie n’est pas une nouveauté. C’est précisément la cinquième fois depuis 1986 que l’Etat décide de vendre les participations qu’il possède dans des entreprises de toute nature. Avec ces nouvelles cessions de titres, les pouvoirs publics ne font rien d’autre qu’un « retour vers le futur ».

Une stratégie qui n’est pas d’inspiration libérale… mais purement opportuniste 

Elle n’est pas non plus l’apanage d’une pensée politique et économique bien établie dont le soubassement serait le libéralisme. Le gouvernement de Jacques Chirac entre 1986 et 1988 y a recouru, au même titre que celui de Lionel Jospin entre 1997 et 2002 ou François Hollande, plus proche de nous. Le socle de cette stratégie n’est donc pas idéologique. Alors pourquoi ?

La réponse est ailleurs. Il n’a échappé à personne que la France avait besoin d’argent et que si l’équilibre des comptes semble peu à peu se dessiner, le besoin de financement de notre pays est toujours aussi prégnant. Alors, la stratégie du désengagement de l’Etat dans certaines entreprises trouve sa logique dans l’opportunité financière que ces cessions vont représenter. L’argent ainsi récolté (les estimations fluctuent entre 10 à 15 Mds d’euros) devrait alimenter un fonds pour l’innovation et l’industrie. Voilà pour la logique économique de cette stratégie.

Une stratégie qui devrait se renouveler dans l’avenir

Cette stratégie est-elle vouée à se concrétiser de nouveau ? Réponse ? Sans aucun doute. Comme on dit « l’Etat en a sous le pied ». L’Agence des Participations de l’Etat a un portefeuille composé de treize entreprises et non des moindres (EDF, Orange, Safran,….).
Si cette opération se déroule sous les meilleures auspices, elle est donc appelée à se renouveler.

Des bons placements ? A voir…

Cette opération est-elle source de « bons » placements pour le citoyen « lambda » à la recherche de « belles » opportunités ? Sur ce point, il faut marquer une certaine réserve et analyser les entreprises concernées au cas par cas. Ne soyons pas comme « Dory », ce petit poisson bleu à la mémoire défaillante du dessin animé « Le monde de Nemo ».

Les désillusions ont été importantes par le passé. Orange (anciennement « France Telecom ») n’a jamais retrouvé son cours de première cotation. EDF présenté un temps comme le « placement du siècle » a quitté le CAC 40 après avoir caracolé en tête de cet indice pendant de nombreux mois. Et l’entreprise affiche une dette financière qui peut donner des sueurs froides aux investisseurs.

En fin de compte, la stratégie déployée par le gouvernement au travers de privatisations totales ou partielles, a sa logique. Elle est claire. Elle est défendable. Pour les amoureux des placements boursiers, il sera préférable qu’ils se fassent eux-mêmes leur opinion et qu’ils n’écoutent que d’une oreille distraite les recommandations qu’on ne manquera pas de leur faire à cette occasion.

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Article rédigé par Michel TERNISIEN
Économiste et rédacteur pour Le Figaro et Les Echos

Marie TRAN

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