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La fin probable de la politique monétaire de la BCE et ses conséquences sur la France

le 2 juillet 2018

En mars 2015, la Banque Centrale Européenne (la BCE) lançait une nouvelle politique monétaire accommodante pour la zone euro et connue sous le nom de « Quantitative Easing – QE » ou encore « Assouplissement Quantitatif ».

Cette politique monétaire consiste à faire racheter par la BCE des dettes des différents pays de la zone euro, injectant en contrepartie, de façon massive des liquidités, avec pour conséquence de diminuer les taux d’intérêt pour soutenir la croissance et contenir l’inflation.

Une politique monétaire qui se tarit

Depuis le début, 2.500 milliards d’euros de dettes ont été rachetées. Cependant, cette stratégie a une fin et elle s’annonce. La Banque de Francfort a racheté ces derniers mois à un rythme mensuel de 30 Mds d’euros contre 80 Mds d’euros en 2015.

Ces rachats devraient encore baisser et probablement s’interrompre vers la fin de l’année 2018. Quelle en serait donc la conséquence ? La plus importante, serait une remontée des taux d’intérêt et notamment des taux des obligations d’Etat qui servent à financer les déficits budgétaires des pays.

Une politique monétaire aux impacts considérables

En France, grâce à l’action de la BCE, le taux d’intérêt à 10 ans se situe aujourd’hui entre 0.7% et 0.8%, alors que ce même taux est proche de 3% aux Etats-Unis. On mesure l’impact de cette politique.

Cette remontée attendue des taux, est à mettre en perspective avec la situation de la France. Inutile de rappeler que notre pays est très endetté. Ce n’est une surprise pour personne.

Quelques chiffres cependant. Le montant cumulé de la dette négociable était en avril 2018 de 1.718,4 Mds d’euros, ce qui entraîne une charge annuelle nette d’intérêt de l’ordre de : 41.7 Mds d’euros. Si on rapproche ces deux chiffres, on obtient un taux d’intérêt moyen de : 2.43%. Si on déduit de ce chiffre l’inflation (elle est de 1.2% en France), on obtient un taux d’intérêt réel de : 1.22%.

Stabiliser le taux d’endettement

Le souhait des pouvoirs publics est de parvenir à une maîtrise de la dette dans l’avenir et à une stabilisation du taux d’endettement. Pour cela, il faut mettre en relation le taux de croissance en volume du PIB de la France (il est de 1.70%) et le taux d’intérêt réel de la dette (1.22%). Cette différence doit être positive. Le taux de croissance du PIB doit être supérieur au taux d’intérêt réel. Si ce n’est pas le cas, alors les intérêts de la dette et les remboursements deviendront une lourde charge pour le pays.

La course entre croissance et taux d’intérêt réel

Cette condition est réunie aujourd’hui (1.70% – 1.22% = + 0.52%) mais l’écart entre les deux indicateurs est faible. D’où l’inquiétude qui règne sur une remontée graduelle des taux d’intérêt dans l’hypothèse de plus en plus probable d’un arrêt progressif de la politique monétaire mise en place par la BCE en 2015.

Les mois qui viennent seront décisifs et tout conduit désormais à un maintien de la croissance et une maîtrise de plus en plus serrée des déficits budgétaires. Si ces deux paramètres n’étaient pas au rendez-vous, il en resterait un autre : l’inflation. Mais là, la pièce maîtresse de la zone euro, l’Allemagne,  ne le permettra probablement pas.

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Michel Ternisien

Article rédigé par Michel TERNISIEN
Économiste et rédacteur pour Le Figaro et Les Echos

Marie TRAN

La fin probable de la politique monétaire de la BCE et ses conséquences sur la France