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Crise économique

Est-on à la veille d’une nouvelle grave crise économique mondiale ?

le 9 janvier 2019

« Est-on à la veille d’une nouvelle crise mondiale dont l’ampleur pourrait se comparer à celle de 2008 sur les « Subprimes » ? ».

Cette interrogation a été une des préoccupations des Journées de l’Economie qui se sont déroulées du 6 au 8 Novembre dernier à Lyon. Parmi les économistes présents, l’un d’entre eux, parmi les plus connus, Patrick ARTUS, Directeur de la Recherche et des Etudes chez Natixis, a apporté plusieurs éléments de réponse à la question qui lui était posée : « Est-on à la veille d’une nouvelle crise mondiale dont l’ampleur pourrait se comparer à celle de 2008 sur les « Subprimes » ? ».

Des crises régionales qui ne se coagulent pas

Les éléments de réponse fournis par l’économiste sont intéressants à étudier. En premier lieu, ils se concentrent autour d’un argument majeur : il y a, selon Patrick ARTUS, une multiplication de crises régionales qui se déroulent actuellement sous nos yeux, sans que l’on puisse parler pour autant d’une crise qui, coagulant les crises locales, toucherait le monde dans son intégralité. Pour le moment tout au moins. Revenons sur les crises régionales.

 

Une réelle crise des pays émergents

Tout d’abord, les pays émergents (Brésil, Argentine, Turquie,…). Ces grands pays émergents qui ont construit la croissance mondiale ces dernières années, connaissent aujourd’hui des déficits extérieurs importants qu’ils ne parviennent plus à financer, ce qui se traduit pour eux par une chute brutale de la valeur de leur monnaie comparée aux cours des grandes monnaies internationales dont l’euro. Un exemple pour illustrer : le Brésil. En Décembre 2013, il fallait 3 reals pour un euro. À la fin de Septembre 2018, il fallait 8.3 reals pour un euro. De fait, ce choc est considérable. Le taux à 10 ans des bons d’Etat du gouvernement brésilien était de 9.9% au début de Novembre 2018, alors qu’il était inférieur à 1% en France, à la même période. Il y a donc bien une crise des pays émergents qui se déroule sous nos yeux.

 

La Chine doit être mise à part par suite de son modèle économique ultra-centralisé

Par ailleurs, la Chine doit-elle être incluse dans cet ensemble ? La réponse est heureusement négative par suite du contrôle très strict de capitaux qui existe dans ce pays, alors même que la Chine est par ailleurs extrêmement endettée (de l’ordre de 250% du PIB du pays). En revanche la dette du pays est, à l’instar du Japon, détenue en grande partie par les nationaux et alors que les dettes chinoises sont peu présentes sur le marché obligataire international.

 

La zone euro en équilibre sur un fil

Autre crise régionale : celle des pays de la zone euro par le biais de leurs dettes publiques qui atteignent des pourcentages élevés du PIB. Les français en savent quelque chose. Mais on peut mettre aujourd’hui l’accent sur l’Italie qui devient le sujet d’inquiétude pour l’Europe tout entière, notamment depuis que ce pays a pris la décision de s’affranchir des règles de la zone euro.

Toutefois il faut reconnaître que l’avenir économique de beaucoup de pays de cette zone monétaire (sauf l’Allemagne) est suspendu à une hausse possible des taux d’intérêt à long terme, ce qui engendrerait alors, dans cette éventualité, une crise bancaire grave. La Banque Centrale Européenne est presque condamnée à maintenir des taux d’intérêt très bas, voire nuls, sous peine de mettre en émoi la zone monétaire qu’elle régit. Mais pour combien de temps ?

 

Des secteurs d’activité survalorisés

En dernier lieu, le prix des actions trop élevé dans certains secteurs d’activité. Patrick ARTUS donne l’exemple du prix des sociétés du secteur technologique qui sont au-delà du raisonnable et nombre de sociétés de ce secteur sont cotées à des niveaux très élevés, alors que leur modèle économique n’est pas encore stabilisé en termes de bénéfices (on peut citer l’exemple de Tweeter).

Comme on le voit, il semblerait qu’un certain nombre de crises économiques régionales se déroulent sous nos yeux, parfois avec vigueur. Mais en outre, personne ne peut dire si ces crises se coaguleront ou se résorberont une à une. Toutefois, le danger d’une crise grave touchant tous les pays du monde ne peut totalement être écarté.

Article rédigé par Michel TERNISIEN
Économiste et rédacteur pour Le Figaro et Les Echos

Marie TRAN

Est-on à la veille d’une nouvelle grave crise économique mondiale ?